David Parent est cofondateur de PixMob, une PME techno québécoise pour qui le marché naturel, c’est le monde entier!

 

 

David Parent est entrepreneur dans l’âme. Son entrée dans le monde des affaires, il l’a faite en obtenant une franchise de travaux de peinture Collège Pro pendant ses études en administration à l’Université Laval. « J’ai fait mon bac en 13 sessions! Mais j’avais promis à tellement de monde que j’allais obtenir mon diplôme qu’il fallait que je finisse », affirme-t-il en souriant. C’est à l’Université Laval, en 2003, qu’il fait la connaissance d’un étudiant de HEC Montréal avec qui il démarre une entreprise d’affichage numérique, TGS Networks. En 2004, après une fusion d’entreprise, l’entreprise devient M’Pact. « Le système a été développé par un ami, Vincent Leclerc, qui a quitté pour étudier au MIT. J’ai finalement quitté M’Pact à mon tour, en 2006. »

Cette année-là, David Parent avait déjà en tête le concept derrière PixMob. « Vincent a gradué du MIT et il s’est marié, dit-il. J’ai pris l’été pour me reposer. À la Fête du travail, l’entreprise était lancée. » Ce fut, dès le départ, le début d’une aventure extraordinaire.

Car les deux associés offrent un produit nouveau, unique, révolutionnaire. Une technologie qui n’avait aucun équivalent dans le monde : un bracelet coloré qui s’illumine au rythme de la musique, une technologie qui fait vibrer les foules, mais qui permet d’offrir tout un écosystème de gestion pour les organisateurs d’événements.

Ainsi, PixMob développe rapidement des technologies créatives LED et sans-fil pour un premier client, le Cirque du Soleil. Aujourd’hui, son portfolio témoigne d’un véritable accomplissement : Moment Factory, Loto Québec, le Super Bowl, le CIO (Jeux olympiques de Sotchi), l’Eurovision, Heineken, Microsoft, des artistes comme P!nk au Festival d’été de Québec, Arcade Fire, Tiësto. Aujourd’hui, 90% du chiffre d’affaires est réalisé hors Québec.

Un départ fulgurant

« On a commencé à faire connaître nos objets lumineux distribués dans les foules avec le Cirque du Soleil. Le spectacle de mi-temps du Super Bowl a suivi en 2014, puis la tournée de Taylor Swift en 2015, explique-t-il. Par la suite, plusieurs équipes de sport professionnel ont embarqué. Aujourd’hui, la moitié des équipes de la MBA et de la LNH utilisent nos produits. »

PixMob a lancé, il y a cinq ans, une technologie d’objets connectés pour événements, Klik.co, dont le succès est indéniable. Elle comprend des bracelets sans fil distribués, par exemple, lors d’accréditations de conférences. Les conférenciers peuvent échanger des contacts lorsqu’ils rapprochent leurs bracelets. Mais, surtout, Klik permet aux organisateurs de savoir où les participants évoluent sur le plancher de l’événement, de leur pousser des contenus, de mieux connaître leurs comportements en fonction de l’horaire, etc. « Les organisateurs comprennent davantage ce qui se passe durant l’événement, pour ainsi améliorer la planification des éditions subséquentes, dit-il. Les commanditaires gèrent mieux leur présence. D’un point de vue technologique, nous sommes les plus avancés au monde dans ce marché. »

Gérer la croissance

PixMob s’est installée dans le quartier de la mode, tout près de la rue Chabanel, à Montréal. Elle emploie aujourd’hui une centaine de personnes. Mais l’entreprise a connu plusieurs « crises » de croissance au fil des ans. « Certains considèrent que gérer la croissance, c’est un beau problème. Pour nous, ce furent les moments les plus difficiles de la compagnie, confie-t-il. Quand on vit une croissance soudaine, on devient beaucoup moins efficace et ce n’est pas tellement payant! »

David Parent se considère chanceux, car tous les problèmes que les dirigeants de PixMob ont vécus ont été largement compensés par le fait qu’ils ont pu s’entourer de gens talentueux. « Nos clients sont les leaders mondiaux de l’industrie du spectacle, dit-il. Ça nous permet de recruter des gens de qualité. Et les meilleurs d’entre eux sont souvent moins arrogants que les moins talentueux, qui compensent en faisant de l’attitude. »

Passer d’une équipe d’une quinzaine de personnes à plus d’une trentaine fut particulièrement éprouvant. « On était deux associés à tout gérer : le personnel, les clients, la prise de décisions. Du jour au lendemain, on a embauché des gestionnaires intermédiaires et nous sommes entrés dans une phase d’inefficacité. Car on n’avait jamais géré des gestionnaires! Entre-temps, on a vécu deux phases de croissance et de décroissance. Nous étions, mon associé et moi, passés du statut de généralistes à spécialiste. On a vécu des moments pénibles, des gens qui quittent même s’ils sont appréciés, d’autres qui ne s’y retrouvent plus dans une entreprise en pleine transformation, d’autres encore qui fonctionnent parfaitement dans une équipe de dix personnes, mais moins quand ça grossit. Finalement, quand on s’est dotés de gens qui ont pris en charge la résolution des problèmes, on a pu prendre du recul. J’ai surtout réalisé qu’une entreprise peut être très rentable à 15 employés, mais que cette rentabilité peut se faire attendre longtemps à 50! »

Gérer les talents, c’est normal quand l’entreprise pilote des projets dans une cinquantaine de pays. Certains employés voyagent en permanence, visitent plusieurs pays dans la même semaine. Le décalage horaire, la fatigue, la gestion difficile du sommeil laissent des traces… L’apport de gestionnaires prend alors une importance primordiale, car gérer du même coup des employés fatigués et des clients exigeants est ardu.

 

L’éternelle question du financement

« La dynamique d’être ceux qui vendent, qui livrent, qui opèrent, couplée à la dimension financière, ça devient rapidement assez lourd, reprend M. Parent. Et comme le financement, en techno, c’est un peu l’œuf et la poule, ça peut rapidement compliquer l’existence d’un entrepreneur. »

Pour contourner le problème, les deux associés ont rapidement pris la décision d’offrir des services de consultation technologique, question de développer une base financière. « On ne voulait pas dépendre d’investisseurs externes pour développer notre technologie, explique-t-il. Ce fut une très bonne et… une très mauvaise décision. Le développement de l’entreprise a pris six ans au lieu d’une seule. Par contre, on a développé d’excellents réflexes en vente et en gestion de trésorerie. Avec notre technologie sur-mesure, nous sommes devenus très sensibles aux besoins des clients. Ça fait désormais partie de la culture de l’entreprise. »

La technologie PixMob s’est aussi beaucoup développée grâce aux dépôts versés par la clientèle. Daniel Parent rend d’ailleurs hommage au Cirque du Soleil, le client initial, qui n’a pas hésité à verser des dépôts significatifs. Malgré cela, la croissance effrénée a entraîné son lot de complications quant au flux de trésorerie : « Je me souviens d’une parole de Charles Sirois, qui affirmait que les problèmes demeurent les mêmes : tu ne fais qu’ajouter des zéros au bilan. Malgré le temps qui passe, les enjeux de liquidités étaient toujours présents, même si nous disposions d’une visibilité accrue et de meilleurs outils. »

L’entrepreneur est très fier de la rigueur financière de son entreprise. Il souligne qu’il n’a jamais signé un chèque qui a rebondi. Pour lui, offrir de la stabilité à ses employés est fondamental. Cette rigueur, il l’a maintenue quand le financement n’a plus été aussi difficile. « On a conservé des garde-fous. Certaines entreprises ont les yeux plus grands que la panse quand ils finissent par disposer d’une marge de manœuvre financière. On est demeurés conservateurs », dit-il.

Le mentorat, c’est capital

David Parent se sent privilégié d’avoir eu plusieurs mentors dans sa carrière d’entrepreneur. Et pas les moindres. « Lorsque la Société d’investissement jeunesse nous a financée, en 2007, une de leurs conditions était celle d’avoir un mentor. Ils nous ont proposé l’ex-président de Provigo, de Bombardier et de la Bourse de Montréal, Pierre Lortie. C’est un gars intellectuellement très rigoureux, un gestionnaire solide. Il a une vision intéressante sur le monde. Il nous a permis de voir l’entreprise sous un angle différent, amélioré. Grâce à son apport, on a beaucoup réfléchi sur la gouvernance, sur l’importance d’une bonne gestion. Ça semble simple, mais ça nous a pris des années pour y arriver! »

Pierre Lortie présente à David Parent et son associé nul autre que Rémi Marcoux, fondateur de TC Transcontinental. Ce dernier a initié une réflexion sur le financement, la gestion des crises, du personnel, notamment lorsque survenaient des départs.

Les mentors ont une grande importance pour les deux entrepreneurs, car ils sont souvent placés devant des dilemmes compliqués, vu que leur entreprise développe des technologies uniques : « Parfois, nous sommes confrontés à des problèmes que personne n’a vécus », confie-t-il.

Finalement, PixMob s’est dotée d’un comité aviseur, dont le travail a grandement enrichi la vision des deux dirigeants. « On a appris à écouter les avis des autres, on s’est souvent fait dire qu’on ne réfléchissait pas de la bonne manière, reprend David Parent. Réfléchir, c’est une chose, mais ça prend des garde-fous intellectuels. MM Lortie et Marcoux ont joué ce rôle. Ils parlent peu, écoutent beaucoup, mais quand ils s’expriment, ça compte! »

 

Assistez à la conférence éclair de David Parent :

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